Médecine de montagne

Les maladies en montagne: les pathologies les plus fréquentes

Mountain medicine

Hypothermie :

Abaissement de la température corporelle qui ne concerne pas uniquement une partie du corps en particulier. Dans ce cas, le froid provoque une contraction des vaisseaux sanguins de tous les organes qui, à cause du manque de sang, subissent des lésions et ne peuvent donc plus assurer leurs fonctions vitales. Un état d'hypothermie prolongé provoque souvent le décès du blessé.

Outre le vent et l'humidité, également causes des gelures, l'hypothermie peut-être provoquée par:

  • Fatigue physique;
  • Alimentation insuffisante;
  • Abus de boissons alcoolisées

Les principaux symptômes sont:

  • Sensation de fatigue physique extrême;
  • Torpeur psychique (somnolence irrésistible) et confusion mentale;
  • Température corporelle extrêmement basse;
  • Pâleur extrême;
  • Respiration très ralentie;
  • Fréquence cardiaque ralentie (jusqu'à 30-40 battements par minute).

De 37° à 35° C

Pas d'hypothermie

Frissons intermittents, conscience conservé

De 35° à 32° C

Hypothermie modérée

Frissons permanents, conscience conservé

De 32° à 28° C

Hypothermie sévère

Arrêt des frissons, hallucinations, délire et perte de conscience

De 28° à 25° C

Hypothermie majeure

Inconscience/cœur battant, pouls régulière mais lent, rigidité

En dessous de 25° C

Hypothermie létale

Coma, état de mort apparente, arrêt cardiaque, pas de pouls ressenti

 Attention: ne jamais donner de boissons alcoolisées au blessé et ne pas le masser

Comment intervenir

  • Appeler les secours;
  • Isoler le blessé du sol;
  • Réchauffer lentement et progressivement le corps en commençant par la poitrine, en associant le réchauffement externe au réchauffement interne à l'aide de boissons chaudes (uniquement si le blessé est conscient).

Gelure:

Pour préserver la chaleur des principaux organes internes indispensables à la vie, notre corps sacrifie ses zones périphériques, qui, pour être réchauffées, exigent une dépense d'énergie (et donc de calories) supérieure: doigts de pieds, des mains, pointe du nez, oreilles.

Le froid contracte les vaisseaux sanguins, réduisant ainsi sensiblement la quantité de sang qui arrive aux tissus, lesquels se refroidissent très rapidement. Attention: l'utilisation de chaussures étroites et d'une double paire de chaussettes est souvent l'une des causes secondaires de la congélation des pieds: les doigts de pied sont serrés et ne peuvent donc ni bouger ni s'activer (effet "pompe" que toute contraction musculaire implique), la circulation ralentit engendrant ainsi une baisse de température.

Les vaisseaux sanguins sont de ce fait endommagés et une petite quantité de plasma en sort, ce qui entrave l'arrivée d'oxygène aux tissus. En outre, l'eau présente dans les cellules se transforme en petites aiguilles de glace qui provoquent une lésion des tissus.

Les principaux symptômes sont:

  • douleur et fourmillement suivis par une diminution de la sensibilité tactile (et diminution de la douleur) avec perte de couleur et refroidissement important (gelure du Ier Degré);
  • apparition d'ampoules de couleur rouge violacée qui s'ouvrent facilement en créant une plaie superficielle (gelure du IIème degré).

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Ne pas frotter ni masser la zone concernée (risque d'augmenter les lésions des tissus)
  • Ne pas appliquer de pommades ou de poudres, généralement inutiles voire même souvent nocives
  • Ne pas faire marcher le blessé si la gelure attaque les membres inférieurs: la réapparition de gelures sur une partie du corps revascularisée peut avoir des conséquences très graves; en outre, une circulation ayant disparue ne peut être réactivée par le mouvement
  • Enlever les vêtements éventuellement humides ou comprimant la partie du corps concernée
  • Réchauffer graduellement (jamais rapidement!) la partie du corps atteinte par la gelure avec des compresses chaudes ou en la baignant dans de l'eau entre 38° et 42°
  • Couvrir les plaies et les ampoules avec des compresses stériles et les bander, sans serrer

Onglée :

L'onglée ou la « débattue » n'est pas une gelure mais le phénomène de revascularisation brutale des doigts après un début de gelure. C'est très douloureux et il faut savoir attendre de longues minutes avant de pouvoir reprendre l'activité, mais il n'y a pas de risque immédiat.

Il se produit souvent lors d'un changement de température corporelle avec un forte gradient entre le corps et les extrémités.

La meilleure défense contre l'onglée est de changer rapidement de sous-vêtements avant de se refroidir.

Engelure :

L'engelure est une maladie chronique qui survient en milieu froid et humide et qui se traduit par l‘apparition de papules rouges et des démangeaisons, plus souvent au niveau des pieds.

Le meilleur moyen de s'en préserver est de garder les pieds au sec et d'éviter les chaussures peu transpirantes. Pour la prévenir on peut talquer régulièrement les pieds et sécher les extrémités, à la limite on peut prévoir un bain de permanganate de potassium.

Entorses

L'entorse, c'est-à-dire la lésion de la structure de l'articulation suivie par un gonflement provoqué par l'hémorragie du traumatisme, est un accident relativement fréquent dans la pratique des activités à l'air libre.

Les extrémités des os sont maintenues par un système complexe de tissus mous (les ligaments et les capsules) servant à l'alignement des têtes articulaires, à permettre certains mouvements et à en empêcher d'autres. Lorsque l'os est violemment poussé contre la capsule, celle-ci subit une élongation ou une déchirure et des lésions plus ou moins graves (contusion, rupture du ligament, fracture de la malléole).

Les principaux symptômes sont:

  • Douleur au niveau de l'articulation;
  • Gonflement et apparition d'une couleur bleuâtre de la peau au niveau de l'articulation;
  • Dans les cas les plus graves, instabilité de l'articulation, avec mobilité excessive de la partie libre du membre.

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Immobiliser la partie libre du membre;
  • Appliquer des compresses froides le plus vite possible;
  • Si la douleur est aiguë, recourir à des médicaments analgésiques.

Fractures

Rupture partielle ou totale d'un segment osseux. Pendant les excursions, les fractures des membres sont les plus fréquentes, et peuvent être simples, comminutives, ou ouvertes: dans le premier cas, la fracture présente une seule cassure, nette et précise sans déplacement de l'os, dans le second, la fracture est complète, l'os s'est cassé en plusieurs fragments, dans le troisième cas, l'extrémité ou les extrémités de l'os fracturé ont  déchiré la peau (muscles, peau) et sortent à l'extérieur (il s'agit donc d'une fracture associée à une blessure).

Les symptômes des fractures simples et comminutives sont:

  • Douleur spontanée, par pression, lorsque le blessé essaie de bouger seul ou aidé par le secouriste;
  • Apparition, au bout de quelques minutes, d'un gonflement et d'une coloration bleuâtre de la peau au niveau de la fracture;
  • Souvent, difformité du tronçon osseux fracturé (fracture comminutive);
  • Impossibilité de déplacer le membre ou le segment fracturé (dans le cas d'une fracture complète).

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Évaluer la possibilité de transporter le blessé;
  • Éliminer tout ce qui comprime le membre blessé (par exemple les chaussures) avant qu'il n'enfle;
  • Immobiliser les os fracturés, sans tenter de les réaligner au cas où il s'agirait d'une fracture compliquée;
  • S'il s'agit d'une fracture ouverte, désinfecter la blessure et la recouvrir de gaze stérile, sans tenter de remettre en place les morceaux d'os ayant perforé la peau.

Luxations

L'articulation est formée de deux extrémités d'os opposées, réunies entre elles par la capsule articulaire. La luxation est un déboîtement de la capsule articulaire sur l'une des deux extrémités et  son déplacement hors de son siège d'origine.

Les luxations les plus fréquentes sont celles de l'épaule mais touchent également le coude ou la rotule.

Les symptômes de la luxation sont:

  • Semblables à ceux de la fracture simple mais localisés au niveau d'une articulation.

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Ne pas tenter de remettre l'os en place;
  • Immobiliser l'articulation.

Traumatisme crânien

Tout traumatisme crânien, même apparemment bénin, peut avoir de graves conséquences qui se manifestent après un certain temps. Il  faut donc considérer toutes les victimes d'un traumatisme crânien comme des blessés graves et les transporter à l'hôpital.

Au cas où le blessé s'opposerait à son hospitalisation, il ne faut pas exclure qu'il soit lui-même, en raison du traumatisme, incapable d'évaluer correctement ses propres conditions physiques.

Les symptômes les plus importants sont:

  • Perte de connaissance, absence de réponse aux stimulations extérieures;
  • Altération de la conscience: absence de réponse cohérente aux questions du secouriste et désorientation;
  • Perte de mémoire sur ce qui s'est passé;
  • Agitation;
  • Convulsions, vertiges, nausées;
  • Perte de sang par les oreilles;
  • Signes de paralysie des membres;
  • Arrêt cardiorespiratoire.

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Application de glace ou de neige sur la tête;
  • Placer le blessé avec la tête en amont;
  • Ne pas donner à manger ou à boire (risque de vomissements et de suffocation);
  • Éviter tout mouvement du cou (possibilité de lésion vertébrale non diagnostiquée).

Brûlures :

La gravité d'une brûlure est déterminée par trios critères :

  • la profondeur, qui peut être de 1er degré (rougeur et douleur sans cloque), de 2e degré (rougeur, chaleur, douleur et apparition de cloques) et de 3e degré (aspect blanc insensible);
  • le pourcentage de surface atteinte;
  • l'atteinte d'une zone sensible, comme face, cou, main, organes génitaux ou périnée.

En cas de brûlures donc, il faut enlever les vêtements collés à la brûlure, nettoyer à l'eau (stérile si possible), prendre des antalgiques et, parfois, des antibiotiques, appliquer des pansement (flammazine, hydro-colloides...)

Plaies :

Les plaies peuvent parfois nécessiter d'une intervention urgente ; les cas les plus fréquentes sont :

  • plaie dont le saignement abondant et pulsatif laisse présumer de l'atteinte d'une artériole ou d'une artère;
  • plaie importante du scalp car elle saigne toujours beaucoup;
  • plaie de l'œil.

Toutes les autres plaies peuvent attendre quelques heures avant d'être recousues, même si le plus tôt sera mieux. Certaines plaies n'ont pas besoin d'être suturées (longues moins d'un centimètre, ponctiformes, peu profondes...).

Les plaies par morsure ou celles datant de plus de douze heures se surinfectent systématiquement quand on les suture : la cicatrisation dirigée avec pansements hydro-colloïdes donnera de bien meilleurs résultats. Tout au plus, peut-on faire quelques points de rapprochement pour les plaies importantes et délabrantes.

Contusions :

La contusion musculaire ou osseuse est courante en randonnée et ne présente aucun fateur de gravité en soi.

Il faut savoir prendre patience et laisser la cicatrisation se faire par elle-même, sachant que cela peut exiger plusieurs jours.

L'aspect pourpre puis violacé traduit la diffusion de sang dans les parties molles. Malheureusement quand la contusion est importante, l'hématome peut se collecter en une poche qui peut être gênante.

SI l'utilisation d'antalgiques ou d'anti-inflammatoires peut améliorer sensiblement les choses, les onguents ou pommades anti-œdémateux se révèlent le plus souvent inutiles ; l'application d'une poche de neige pendant quelques heures est tout aussi efficace.

L'évolution brune puis jaune de la contusion est caractéristique de sa régression et signe la guérison.

Le massage doux est bénéfique car il permet au sang de diffuser dans les tissus, évitant ainsi la collection de sang en hématome, mais le massage énergétique est déconseillé car il accentue le saignement.

Hématomes :

L'hématome est une collection de sang qui n'a pu être réabsorbée par les tissus et qui s'organise comme une poche dans les masses musculaires profondes.

Lorsqu'il est de faible abondance, il finit tôt ou tard par s'enkyster avec la fâcheuse tendance à laisser une tuméfaction proéminente qui peut gêner, surtout lorsqu'elle est mal placée.

Quand la collection est importante, il est impératif d'agir pour éviter l'enkystement. Une évaluation par écographie de sa taille et de sa position et la consultation d'un chirurgien sont nécessaires, mais peuvent attendre quelques jours.

Il est conseillé donc de appliquer une poche de neige ou de glace pendant plusieurs heures et de masser doucement. Si la collection persiste en formant une masse volumineuse, on doit consulter un médecin ou un chirurgien dans les 8 jours pour effectuer un drainage de l'hématome.

Mal des montagnes

Malaise lié à une montée trop rapide en altitude  et dont les premiers symptômes, céphalée, anorexie (perte d'appétit), nausée ou  vomissement, associés à d'autres plus alarmants, fatigue ou asthénie, vertiges ou étourdissements, insomnie ou irritabilité, doivent immédiatement conduire à diagnostiquer le MAM (Mal Aigüe des Montagnes).

Comment intervenir:

  • Le remède le plus immédiat et le plus efficace consiste à descendre à une altitude inférieure, surtout si l'on se prépare à passer la nuit: il est en effet très important de dormir à des altitudes inférieures à l'altitude maximum atteinte au cours de la journée;
  • Une autre précaution utile consiste à suivre un régime à teneur élevée en glucides, des aliments en mesure de garantir un apport d'énergie et d'oxygène supérieur aux lipides et aux protéines;
  • Il est également important d'absorber une bonne quantité de liquides pour rééquilibrer les consommations métaboliques;
  • Dans les cas les plus graves, recourir aux soins médicaux.

Tétanos

Le tétanos est une maladie qui peut encore de nos jours se révéler mortelle. Pour prévenir cette affection, il est donc important de se faire vacciner. Cette maladie se transmet par un contact avec les spores du bacille du tétanos (micro-organismes typiques de l'intestin des herbivores) présents dans les sols couverts de fumier, les boues, les éclats de bois ou de fer rouillés. Pour se reproduire, ce micro-organisme choisit surtout des blessures sales et mal désinfectées et la maladie qui en dérive frappe le système nerveux et provoque une contracture douloureuse des groupes musculaires pouvant engendrer une paralysie respiratoire.

Comment intervenir:

  • La prévention représente le seul instrument efficace: vérifier la date de la dernière vaccination (obligatoire tous les 10 ans) et soumettez-vous à un cycle de rappel.

Foudroiement

La décharge électrique provoquée par la chute d'un coup de foudre peut avoir plusieurs graves conséquences chez l'homme: brûlures, violentes contractions musculaires involontaires, fractures, fibrillation ventriculaire (altération du rythme cardiaque - arrêt cardiaque). En cas d'arrêt cardiorespiratoire, il est nécessaire d'intervenir rapidement, par un massage cardiaque et la respiration artificielle (il est recommandé de suivre un cours spécifique de Basic Life Support - B.L.S.).

Morsure de vipère

Evènement peu dangereux souvent surestimé. La dose de venin injectée par l'animal est, dans le pire des cas, environ la moitié de la quantité mortelle pour un adulte (les risques augmentent chez les enfants et les personnes en mauvaise santé).

Le sérum anti-vipère, que l'on recommandait autrefois de porter toujours avec soi, n'est aujourd'hui utilisé que très rarement et uniquement par du personnel médical spécialisé (étant donné le risque très élevé de choc anaphylactique et la difficulté de distinguer la morsure d'une vipère de celle d'une couleuvre). Les effets du venin sont plus importants 3 ou 4 jours après la morsure, ce qui donne généralement suffisamment de temps pour intervenir. Les facteurs pouvant aggraver la situation sont:

  • La concentration du venin (inférieur en automne et peu de temps après une morsure précédente);
  • La vascularisation de la zone touchée (risque plus élevé si la morsure se situe près des artères - cou, visage, intérieur de la cuisse... - risque mineur pour les zones périphériques - pieds, mains...);
  • La présence de bactéries sur les dents de l'animal;
  • Les mouvements du blessé après la blessure (à limiter autant que possible pour ne pas favoriser l'activité vasculaire qui accélère la diffusion du venin).

Comment intervenir:

  • NE PAS inciser le tissu blessé: étant donné les petites dimensions des dents de la vipère, les possibilités que le venin entre en circulation sont assez réduites. L'incision pourrait au contraire favoriser le contact avec le sang et compromettre une situation qui, à l'origine, ne présentait aucune gravité.
  • Stériliser la zone concernée;
  • Bander et immobiliser la zone du corps concernée, de manière à ralentir l'activité circulatoire;
  • En cas de morsure sur un enfant de moins de 7-8 ans, on conseille de le transporter rapidement à l'hôpital.

Crampes

Contractions spasmodiques d'un ou de plusieurs muscles pouvant durer jusqu'à 10 minutes et provoquer un endolorissement sur plusieurs jours.

La crampe est la conséquence d'un déséquilibre entre les sels minéraux et les liquides extracellulaires (par exemple, manque de potassium, calcium, magnésium et sodium) et est favorisée par une température externe élevée, une mauvaise oxygénation du tissu musculaire et  la fatigue, ce qui provoque une contraction involontaire et souvent douloureuse du muscle.

Comment intervenir:

  • Selon la zone où la contraction se manifeste, placer le sujet de manière à allonger les faisceaux musculaires concernés;
  • Le massage est moins efficace et, une fois l'épisode terminé, favorise l'apparition d'une douleur résiduelle;
  • Absorber des liquides sucrés (maximum 7% du volume) et contenant du Chlorure de Sodium (NaCl - sel de cuisine, un gramme par litre).

État de choc

Il s'agit d'une situation grave et fréquente chez les victimes d'un traumatisme. Les différents organes souffrent à cause d'un afflux sanguin restreint souvent provoqué par une hémorragie interne ou externe, des traumatismes graves multiples, même sans signes évidents d'hémorragie.

Les symptômes les plus importants sont:

  • Pâleur et sueurs froides;
  • Fréquence cardiaque très élevée mais de faible intensité;
  • Respiration fréquente mais superficielle;
  • Agitation ou, parfois, somnolence.

Comment intervenir:

  • Appeler les secours;
  • Essayer de soulager la douleur (qui augmente le choc);
  • Éviter tout refroidissement;

Transporter, si possible, le blessé avec les jambes soulevées et la tête en aval (pour faciliter l'arrivée de sang et d'oxygène au cerveau).